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Le collectif Vraies Meufs interview LA PIRI

Le collectif Vraies Meufs interview LA PIRI - LA PIRI | BOUTIQUE EN LIGNE DE BIKINIS ET LINGERIE

C’EST FIN 2020 QUE J’AI FAIT LA CONNAISSANCE DE ROSA SUR INSTAGRAM. ELLE EST DE CES INTERNAUTES DONT ON RETIENT LE VISAGE, DONT ON RECONNAÎT LA FAÇON DE S’EXPRIMER EN VOYANT PASSER UNE STORY, QUI INTRIGUE PAR SA FAÇON BIEN PERSONNELLE DE VIVRE SA FÉMINITÉ.

AVANT DE LA RENCONTRER, JE N’AURAIS PU IMAGINER QUE DERRIÈRE CETTE APPARENTE FAN DE MOTO, AUTODIDACTE EN POLE DANCE ET DESIGNER DE BIKINIS, SE TIENT UN VÉRITABLE ESPRIT LIBRE ET CONSCIENT, RICHE DE SES EXPÉRIENCES DANS LES FAVELAS DU BRÉSIL OU LES STRIP-CLUBS DE MIAMI.

SI ELLE DEVAIT PARLER D’ELLE-MÊME, ROSA RÉPONDRAIT AVEC HUMOUR ET DÉTERMINATION : “JE VEUX VIVRE LA VIE D’UN VIEIL HOMME RICHE. MOI, JE VEUX DEVENIR BERNARD TAPIE.

LA PIRI at home for Vraies Meuf Collectif

Trônant au centre de son appartement du Val-de-Marne, on ne peut pas la louper. « Tu peux essayer si tu veux » me dit Rosa, désignant du doigt sa barre de pole dance. Tout autour de celle-ci, des rollers, gants de boxe, plusieurs casques de moto, des escarpins vertigineux, et des sacs débordants de bikinis colorés jonchent le sol. Tant de pièces à conviction qui me permettent de cerner davantage celle que je rencontre pour la première fois. Hors d’Internet, j’entends. Sur la homepage de son site internet, Rosa cite Madonna “Je suis forte, ambitieuse et je sais exactement ce que je veux. Si ça fait de moi une salope, pas de problème”. D’ailleurs le nom de sa marque de bikinis, La Piri, en dit long sur la ligne éditoriale et la cible de la jeune femme. Cette appellation serait le diminutif de “Piriguete”, littéralement une femme dangereuse, “qui s’amuse, flirte et sort beaucoup” mais aussi et surtout, qui est “libre et indépendante”.

Au moment où je rencontre Rosa, cela fait deux mois qu’elle a lancé sa marque. Encore à l’état de “test”, comme elle me l’explique, elle y propose des maillots de bain dont les couleurs éclatantes rappellent les granités, réversibles et ultra découverts. “Mon but, ce serait d’en créer dans le style d’Amber Rose. Mais j’avais peur d’être trop jeune pour arriver avec cette approche en lancement”.

Aujourd’hui orienté bikini, Rosa souhaiterait qu’à terme, toutes les femmes puissent faire leur shopping sur La Piri, en vendant aussi bien des bikinis que de la lingerie, ou encore des burkinis, des durags. Sans pour autant jouer au jeu de “l’appropriation culturelle” et de l'”inclusivité à tout prix”, la créatrice voudrait qu’on cesse de “faire de toutes ces femmes des antinomies”. La Piri devrait crier la sororité.

Si elle en est si fière, c’est que sa marque est pour la jeune femme l’aboutissement d’années de “galères”, aussi bien psychologiques que matérielles. Née en région parisienne, Rosa a ensuite bougé “un peu partout en France”, pour finalement s’éprendre du Sud, et plus particulièrement de Marseille. Après le bac, elle y entreprend des études de design, sans s’imaginer une seconde qu’elle finirait par quitter “drastiquement” les sentiers les plus classiques de la vie active.

Rosa accorde peu d’importance à la chronologie des évènements, et raconte les histoires au gré de ses souvenirs, comme on lirait un synopsis de film. De l’achat de son premier maillot de bain string, à la prise de conscience de sa misogynie intégrée à 16 ans, en passant par la rencontre “d’un mec dans un train, quand je revenais du mariage de ma meilleure amie qui m’a parlé d’une école de mode qui vient d’ouvrir au Brésil”, et de son tout premier strip-tease à Miami, introduite par une “Slovène façon Pamela Anderson”, gare à ne pas perdre le fil.

Outre-Atlantique, le voyage initiatique de Rosa a commencé à Rio, au sein de la première école de mode des favelas, la Casa Geraçao. “La créatrice (ndlr, Nadine Gonzalez) est retournée en France après et l’école est devenue la Casa 93. C’est moi qui lui ai fait ses affiches”. Sauf qu’au Brésil, celle qui était encore assez pudique se retrouve confrontée à une exposition démesurée du corps de la femme. De toutes les femmes, sans classification. “C’est une autre forme de machisme. En France, c’est plutôt “Eh ! Ne regarde pas ma femme, elle est trop belle” et au Brésil c’est plutôt “Regardez ma femme comme elle est belle dans son bikini string. Quitte à choisir le machisme, j’ai préféré celui-là”. Si elle déplore une société emprunte à la culture du viol, Rosa a découvert une autre approche de libération du corps féminin et de sexualité. Sans le savoir, se dessinaient les prémices de sa marque. Mais plus important encore, elle prenait le pouvoir sur sa propre enveloppe corporelle.

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A son retour du Brésil, Rosa a la tête pleine, mais ce background de baroudeuse n’est pas un CV qui se suffit à lui-même pour être embauchée. “J’ai fait tous les jobs : de serveuse à Indiana où on se défoule sur toi, on te claque les fesses; t’es la soubrette ; à vendeuse au drugstore des Champs, ou je travaillais uniquement pour payer mon loyer”. Le manque d’argent couplé à son indépendance soudaine la pousse à vivre au gré des rencontres. “Une période de vraie galère où rien ne se passe comme prévu” raconte Rosa, en riant jaune. C’est sa rencontre fortuite avec le DJ Cut Killer qui provoque chez elle un déclic : “Il m’a dit que je n’avais pas à me plaindre parce que je suis jeune, blanche, belle, que j’habite pas en banlieue, que je n’ai pas subi de viol même. Et ça m’a énormément choqué, parce qu’il n’en savait rien. Mais en même temps, je savais qu’il avait raison. Je ne pouvais pas laisser tomber.”

En 1 an, tu changes ta vie”, lui dit le DJ. Rêve américain en ligne de mire, Rosa poursuit d’abord sa quête en Afrique du Sud le temps d’un stage : “Là-bas, j’ai rencontré des Américaines qui, malgré mes aprioris sur la Floride, m’ont convaincu de partir”. C’est ainsi qu’avec 1500  euros en poche, elle se fait embaucher via Skype comme designer dans une agence américaine, elle quitte la France et se retrouve sur la plage de Miami. Seule. Sans appartement. Mais pleine d’envie.

C’est à ce moment qu’elle me parle à nouveau d’une rencontre, peut-être même LA rencontre qui a changé sa vie. “En face de mon appart, j’ai séparé une Slovène d’un Français en conflit. Français que je connaissais, puisque je l’avais rencontré en boîte quelques jours plus tôt”. A force de conversation avec cette femme, qu’elle estime être Slovène, et qui la prend en grippe au premier abord, Rose prend connaissance des violences conjugales que cette voisine subit. C’est ainsi que la jeune française découvre que cette femme plus âgée qu’elle est strip-teaseuse. “Et la chute, c’est que je suis devenue strip-teaseuse moi aussi”.

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Rapidement, sa voisine l’emmène pour la première fois dans un strip-club, afin de lui montrer de quoi il en retourne. “Je n’avais jamais rien fait de tel avant, même pas de pole dance. Et j’étais tarpin pudique : en soirée j’étais habituée à mettre des robes longues col-roulé. Je ne pouvais même pas être en débardeur. Et là, en 2-2, je me suis retrouvée toute nue sur scène”. Elle m’explique que dès lors, son rapport au corps a complètement changé. “Tu fais du strip, ta peau devient ta combinaison. Tu deviens une salamandre. T’as plus de complexe. J’avais toujours ma pudeur, mais elle n’était plus atteinte par la vue de mon corps nu. Je ne me forçais à rien, c’est pour ça que je kiffais autant”.

Avec autant de légèreté que de lucidité, Rosa multiplie les anecdotes sur sa vie de “travailleuse du sexe”, sans faire de sexe, mais de l’argent. Beaucoup d’argent. Certaines m’amusent, certaines me choquent. “La journée, j’étais designer, ce qui me permettait de garder les pieds sur Terre. Et la nuit, ou quand je m’ennuyais, quand il pleuvait, je faisais de l’argent. Parfois devant 1200 hommes. Avec ça, je savais que je n’allais plus jamais galérer de ma vie”.

La nostalgie dans les yeux quand elle plonge dans sa mémoire, Rosa n’en délaisse en rien sa franchise. Cette activité lui aura tout de même laissé quelques traces plus nocives quant à sa vision du monde, son rapport aux autres... “J’ai pris conscience très vite que même avec un Master, je ne ferai jamais autant d’argent qu’en quelques nuits de strip-tease. Et les gens cautionnent ça”. Et puis selon elle, trop d’argent déshumanise. Alors aujourd’hui, elle dit avoir du mal à donner de son temps “gratuitement” à ceux qui la convoite. “J’ai fini par voir un billet de 100, comme un billet de 10. Avec du recul, ce n’était pas “empowering” de soutirer de l’argent aux hommes, mais il y avait une forme indéniable de vengeance contre le patriarcat". Malgré tout, des années après son voyage à Miami et les traumas qui en ont découlé, si elle en avait l’occasion, Rosa retournerait danser volontiers. Mais cette fois-ci, uniquement pour le plaisir.

"Une Vraie Meuf pour moi, c’est quelqu’un qui va se définir par son action. Qu’est-ce que tu fais derrière ton joli visage ? Trop longtemps, les meufs ont été à la maison, on les voyait pas, et étaient dans l’immobilité. On était des figurines. Les strippers, les Piris, ce sont des meufs en mouvement. Des marcheuses."

Ecrit par Claire. Photos Lyna. @VraiesMeufs. Merci pour votre bonne énergie et votre soutien.

LA PIRI at home pour Vraies meufs

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