La colère, une émotion qui dit la vérité
On nous a appris à avoir peur de la colère. Comme si c’était un poison. Mais en réalité, c’est une émotion fondamentale, un signal moral. La colère n’apparaît pas sans raison : elle naît face à l’injustice, à l’abus, au non-respect.
👉 Refuser d’être en colère, c’est refuser de voir l’injustice.
Comme je le dis souvent : « Pour moi, ces réactions-là sont naturelles, nécessaires. J’ai envie de tout brûler, mais face à de l’injustice pure. Ne pas être en colère serait un manque d’humanité. La colère est saine. L’injustice n’est pas saine et tend vers la colère. Les gens qui sont en colère, ils sont en colère saine en général. Parce qu’il y a eu injustice. »
Une émotion qui fait peur aux autres
Le problème, c’est que la plupart des gens sont incapables d’apprécier la colère comme l’expression de valeurs morales.
Ils ne voient pas l’amour de la justice derrière.
Ils ne perçoivent pas le courage de dire “ça suffit”.
👉 Au lieu de ça, ils rejettent la personne en colère. Ils préfèrent s’entourer de gens qui sourient toujours, même quand ils pensent le contraire. En d’autres termes : des faux-culs. Parce que les faux-culs rassurent. Ils évitent le conflit. Mais ils n’apportent jamais de transformation.
La colère, privilège masculin
Quand un homme se met en colère, il est vu comme passionné, fort, crédible.
Quand une femme se met en colère, elle est jugée hystérique, excessive.
Ce double standard est un moyen de contrôle : autoriser la colère aux hommes, la refuser aux femmes. C'est s'assurer de l'impunité et du contrôle des hommes et de la peur des femmes.
La double peine des femmes racisées
Pour les femmes racisées, la sanction est encore plus violente.
- Une femme noire en colère est réduite au cliché de l’“agressive”.
- Une femme arabe en colère devient “dangereuse”.
- Une femme asiatique en colère est jugée “imprévisible” puisqu'on l'imagine douce et soumise dans les clichés.
La société refuse notre colère deux fois : comme femmes, et comme racisées.
Le droit à la colère
La vraie question n’est pas “les femmes ont-elles le droit d’être en colère ?” mais “qui profite de leur silence ?”.
Refuser aux femmes le droit à la colère, c’est :
- les empêcher de poser leurs limites,
- nier leurs valeurs morales,
- les maintenir dans la docilité et la peur.
Réhabiliter la colère
La colère n’est pas un défaut de caractère. C’est une boussole morale. Elle dit que quelque chose ne va pas.
La colère des femmes n’est pas un excès, c’est une réponse légitime. Alors oui, je choisis d’être en colère. Pas pour détruire. Mais pour rester vivante, entière, fidèle à mes valeurs.